Eglise : eglisedossier "réparations" et entretien
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Eglise Saint Jean-Baptiste de LONG (Somme)

Pendant ma vie professionnelle, j'ai rencontré plusieurs architectes des Monuments historiques qui venaient pour faire un état des lieux de notre belle église... je me souviens très bien de ce qu'il me disait chaque fois... L'église s'abime surtout sur les parties décoratives... pilastres, balustrades etc... ces désordres ne posent pas de problème quant à la solidité de la structure de l'édifice... mais il faut bien sûr y remédier et ces travaux devront s'étaler sur une ou plusieurs décennies vu l'ampleur du coût des travaux à engager... Je me souviens très bien également de leur bon sens... Il faut que les gouttières, chéneaux soient nettoyés régulièrement tout comme les regards afin que l'eau puisse s'évacuer rapidement... il faut faire passer un couvreur régulièrement également afin que le bâtiment reste à l'abri des fuites... Alors dès que j'ai pu, avec l'accord de Monsieur le Maire, j'ai appliqué ces conseils et il est vrai que tout fonctionne mieux... Mais ce travail est à faire chaque année une à deux fois. Voilà ce qui posera problème dans les années à venir...

Un autre problème que les architectes nous demandaient de règler, c'est la présence trop importante des pigeons... j'y ajouterai des corbeaux également pendant quelques semaines chaque année... Il nous faut régler ce problème en les attrapant, en les effarouchant... leurs fientes bouchent les gouttières, salissent la toiture, abiment la pierre et finiront par mettre à mal notre clocher...
Un des gros problèmes de notre église... la prolifération des pigeons
et des corbeaux


les chéneaux doivent être nettoyés régulièrement (au moins 2 fois par an)



Il est certain qu'après un bon nettoyage avec un balai, une balayette, des petites pelles, des seaux et "de l'huile de coude", les cheneaux peuvent fonctionner normalement et ainsi améiorer l'écoulement des eaux.
un bon brossage de la toiture également apporte un plus certain.
Notre église vue du cimetière ... tout simplement magnifique !

Un gros travail à refaire régulièrement... bientôt nous aurons peut-être une trappe sur le toit de la sacristie et ce sera plus simple de nettoyer.

Un bon nettoyage s'impose pour améliorer l'écoulement
et éviter les fuites qui endommagent le plafond de la sacristie



les regards et les chéneaux doivent être propres toute l'année pour éviter ce genre de problème....



Un autre problème, la détérioration de la pierre ... qui part en plaques (desquamation) ou qui devient de la poudre (pulvérulence)



Les pinacles, les balustrades sont très abimés et il manque du plomb sur certains des arcs-boutants
Pour pouvoir faire un état des lieux parlant, il m'a fallu plusieurs semaines et des dizaines de photos... en voici des extraits:



Mais avant de commencer, je voudrais rappeler un autre travail nécessaire... celui de vider le haut de la flèche. En effet les corbeaux y ont déposé des tas de petites branches et les pigeons de la fiente. Cela a été fait en 2019 mais ce très gros travail sera à refaire réglulièrement et le plus difficile est de trouver une solution pour descendre tout cela et l'emmener... j'ai déjà vu des artisans couvreurs se servir d'un système fait de tuyaux d'environ 50 cm de diamètre qui sont emboités les uns dans les autres... cela pourrait être le moyen idéal de nous aider dans ce travail. Peut-être faut-il investir !

Mes différentes rencontres avec les architectes des Monuments historiques m'a convaincu également qu'une réparation mal faite peut être plus néfaste pour la pierre que de ne rien faire... l'utilisation de certains ciments, sable apportant du sel ou autres peuvent abimer encore plus nos monuments. Des travaux anciens ont été néfastes à notre église. Alors il faut être vigilant quant aux réparations.


Nous avons la chance d'avoir une charpente encore en très bon état... peut-être faudra-t-il la traîter ?

dans la partie haute du clocher
de nombreux joints sont à refaire



Les pinacles sont très souvent très abimés


arcs boutants qui ont perdu le plomb qui les protégeait


Un autre dossier reste à traiter ... la réparation des vitraux.
Description de notre magnifique église:
L'église Saint Jean-Baptiste de LONG est composée d'un clocher-porche datant du XVème ou XVIème siècle surmonté d'une flèche de pierre du XVII ième qui a été réparé en 1993 sous la conduite de Vincent BRUNELLE après la chute de la foudre d'un gros orage. Les travaux ont consisté à réparer une fissuration verticale du clocher et à conforter les différentes faces de la flèche et son décor en plus de boucher le trou fait par la foudre. Cette flèche comporte un décor d'arêtes, de crochets et d'accolades superposées parfois en mauvais état. Ce clocher est prolongé par une nef néogothique du XIX ème siècle à dix travées à bas-côté simple qui longe le choeur jusqu'au niveau de l'abside à cinq pans. Et enfin cette dernière est entourée d'une sacristie basse à la toiture qui demande des réparations...
L'édifice est construit en pierres de taille calcaire de différentes natures sur un soubassement en grés. Une partie du soubassement du flanc Sud et Nord de l'église a été repris en briques sous les assises de grés.
Lintérieur de l'édifice présente une élévation à deux niveaux (baies hautes et grandes arcades). La voûte est en pierre sur croisées d'ogives. La sculpture est concentrée sur les chapiteaux des piles de la nef.
Les travaux à faire en priorité:
En priorié, il faut nettoyer la goutière la plus haute au Nord... et pour cela il faut installer une trappe de visite qui permette un travail plus simple à tout un chacun... Cet investissement est pour moi un moyen de gagner de l'argent pour la suite des entretiens...

Modèle de trappe que m'a envoyé l'architecte des Monuments historiques
en 2018 Mais toujours pas installée.
Continuer à nettoyer les chéneaux 2 fois par an et surveiller le remplacement des quelques ardoises qui ont bougé.
Installer une autre trappe de nettoyage sur la toiture de la sacristie au nord pour pouvoir monter et balayer la partie plane pour favoriser l'écoulement des eaux... Cela aurait dû être fait depuis longtemps pour réduire les dégâts que l'on peut constater sur le plafond de la sacristie.
Réparer le muret côté Nord et installer un tuyau d'évacuation de l'eau du regard côté clocher.
Nettoyer le clocher en enlevant les fientes de pigeon et en installant des grillages pour boucher les trous dans la flèche.
Les causes de tous ces disfonctionnements sur le bâtiment:
Voici ci-après les différents éléments des pinacles et des balustrades autour de l'église:
Il y a bien sûr les intempéries... la pluie, le vent, le gel et le dégel mais il faut y ajouter les travaux de réparations pas toujours faits dans les règles de l'art... par exemple la présence de sel dans les maçonneries...
A tout cela il faut ajouter les différentes natures des pierres et la stagnation de l'eau à certains endroits (toiture de la sacristie par exemple).
Fiches techniques de l'entretien du patrimoine bâti éditées par le SDAP de la Somme:










Côté sud:

pinacles 1 et 2 ainsi que la balustrade 1



pinacles 3 et 4 et balustrade 2



pinacles 5 et 6 et balustrade 3


pinacles 7 et 8 et balustrade 4


pinacles 9 et 10 et balustrade 5


église côté sud
Balustrades de la sacristie:


Balustrade 1, 2 et 3 de la sacristie

Balustrades sud et nord de la sacristie
Côté nord:



Pinacles 1 et 2 et balustrade 1


Pinacles 3 et 4 et balustrade 2



Pinacles 5 et 6 et balustrade 3

Pinacle 7 et balustrade 5



Balustrade 6, 7 et 8


Pinacles en assez bon état côté nord

décor de pinacles


pinacles et porche du clocher

décor en bon état au dessus de la porte centrale du clocher
Etat des désordres constatés en 2010 par le STAP
Etat des désordres:
1. La flèche:
Un développement important de lichen est constaté sur l'ensemble des faces de la flèche.
Les parements et décor sculpté semblent relativement érodés avec une altération ponctuelle de la partie calcaire (desquamation, pulvérulence). Les pertes de matière semblent modérées sans lacunes importantes. (Ce qui veut dire que la partie crayeuse part en poudre et que certains morceaux se détachent de l'ensemble.)
2. La tour clocher:
La base des contreforts, composée d'une maçonnerie hérogène, présente des altérations profondes jusqu'au bandeau lamier, à savoir:
- alvéolisation généralisée et pulvérulence des parements; maçonnerie de blocage ponctuellement apparente.
- dégradation des joints
Globalement , sur les élévations, le parement est colonisé par des lichens. La maçonnerie est érodée et partiellement déjointée. Les babdeaux sont partiellement fracturés voire ruinés sur certains contreforts.
Les têtes de contreforts sont fortement dégradées avec un début de désolidarisation de la maçonnerie: parements ouverts et fracturés, évidemment des joints, certaines pierres semblant instables, pulvérulence de certains parements.
La balustrade et la sous-corniche haute présente également des pathologies similaires.
Les parties inférieures des piédroits de la baie Ouest sont fracturées en plusieurs endroits.
L'archivolte et les voussures de la baie Sud sont fortement déjointoyées avec quelques casses au niveau des piédroits et un début de désolidarisation des claveaux dans la partie supérieure del'arc.
3. Tourelle d'escalier:
La maçonnerie est couverte de lichen. Les bandeaux sont pontuellement ruinés.
Le parement est ponctuellement dégradé avec une desquamation.
4. Façades occidentales des bas-côtés:
Des désordres constatés ne sont pas préoccupants. Cépendant la maçonnerie érodée avec une légère pulvérulence de la pierre au niveau du socle de la balustrade et de la sous-corniche.
5. Côté Sud de la nef et bas-côté:
Les altérations importantes relevées concernent principalement la balustrade, les culées d'arc-boutant et les pinacles.
Ces derniers sont très dégradés avec une maçonnerie fracturée et rongée. Certains éléments de pinacles semblent instables.
Certaines travées de balustrade fortement détoriorées menacent ruines. La pierre est relativement éclatée avec pulvérulence. D'importants manques de matière, propices aux infiltrations d'eau, sont constatés au niveau de la main courante, du socle et des ajours quadrilobés.
Les têtes d'ancrages des tirants métalliques des contreforts sont fortement oxydéset font éclater la pierre attenante.
Le soubassement est ponctuellement repris en briques jointoyées au mortier de ciment.
Le parement jusqu'au glacis des baies est faiblement altéré; joints dégradés, desquamation superficielle de certaines pierres.
Les appuis des baies et les lamiers de contreforts sont colonisés par le lichen.
En dehors des glacis, l'état sanitaire du réseau des baies est globalement satisfaisant.
Le pavage en briques et en grés situé à la base des contreforts est par endroit désorganisé avec quelques casses.
5. Côté Nord de la nef et bas-côté:
Les désordres observés sont de même nature que ceux côté Sud avec un niveau de dégradation semblant moins élevé.
Un développement de mousse est constaté sur le glacis. Le lichen a également investit le parement.
Les remplages des baies ne présentent de désordres significatifs.
6. Chevet:
Le glacis du contrefort SE est fracturé et les joints sont ouverts. Quelques parements sont desquamés.
Le décor sculpté de la tête des quatre contreforts est encore lisible mais altéré.
7. Sacristie:
La balustrade et la sous-corniche sont dans un état de détérioration avancée avec une pulvérulence de la pierre au niveau du socle notamment au droit de l'entrée de la sacristie. La main courante est lacunaire à plusieurs endroits.
Le soubassement est en grande partie déjointoyé.
A l'intérieur, le plafond de plâtre sur lattis est fortement dégradé dans le fond de la sacristie.
Mise en peinture de la grille intérieure:
En 2024 nous avons décidé de nettoyer, laver et repeindre les grilles autour de l'autel... Un travail que nous savions être long et il l'a été... Plus de 300 heures de travail à 3 nous a permis de redonner à ces grilles leur beauté originelle... et d'admirer le travail de ces artisans, de vrais artistes.

de l'application, du soin pour un résultat parfait

Un vrai travail de précision tant le nombre de décorations est importante...


Pas toujours facile de trouver la bonne position mais le résultat est là...
Consolidation de l'horloge:
Un gros travail a été entrepris en janvier 2025 pour consolider l'attache du cadran coté ouest ... Nous avons donc ajouté des bois pour renforcer la poutre sur laquelle est atttaché ce cadran et des tiges filetées ont renforcé le tout avec les bastaings colés contre le mur intérieur du clocher... Nous en avons profité pour renforcer également la croix de Saint André qui soutient l'ossature bois côté ouest et remettre du grillage qui empêchera les pigeons de rentrer dans le clocher.
Clocher et son beffroi (ossarure bois où les cloches sont fixées)
Un beffroi ou beffroi de charpente ( baffraiz en vieux français) est un ouvrage de charpente destiné à supporter et à permettre de faire mouvoir des cloches; on a donné le nom de beffroi aux tours renfermant les cloches d'une commune.
Le beffroi, ossature de bois, est conçu pour isoler les murs de pierre des cloches. Il est constitué d'un entrelacement complexe de croix en chêne et repose sur un rebord en pierre dépassant des murs intérieurs de la tour. Lorsque les cloches sonnent, le matériau plus indulgent qu'est le bois absorbe les vibrations. Si les cloches étaient reliées directement à la pierre, leurs vibrations dangereuses affaibliraient les murs qui finiraient par s'écrouler. Cette osssature de bois de chêne présente une plus grande résistance à l'action de va-et-vient de ces cloches mises en branle. Notre charpente a l'air de jouer parfaitement son rôle... Nos Anciens avaient déjà tout fait pour rendre cette charpente efficace, rigide et solide.

Nous pouvons voir les goussets (R)
dans chaque coin de l'ossature qui emêchent le tout de trop bouger pendant la sonnerie des cloches...

Les goussets de notre clocher... datent-ils du 16ème siècle ?
Un vrai renfort pour le bati quand les cloches sont en mouvement.
Les clochers d'églises sont souvent disposés pour contenir des beffrois en charpente, au milieu desquels manœuvrent les cloches. Ces beffrois sont posés sur une retraite ou sur des corbeaux ménagés dans la construction du clocher, et s'élèvent en se rétrécissant vers leur sommet afin de ne pas toucher les parois intérieures de la maçonnerie lorsque le mouvement imprimé aux cloches les fait osciller, et aussi pour présenter une plus grande résistance à l'action de va-et-vient de ces cloches mises en branle. Ce qui n'est pas le cas à LONG puisque l'ossature est plutôt un cube. Lorsque la masse ou poids des cloches utilisées atteignirent des sommets, on dut les suspendre dans des beffrois de charpente indépendants de la construction en maçonnerie.
À la fin du XV e siècle, les pans de bois des beffrois furent composés d'une succession de croix de Saint-André, dont l'assemblage à mi-bois les rendait beaucoup plus rigides, et arrêtait les effets de l'oscillation sur les tenons et mortaises. C'est en effet le cas dans notre clocher et nous avons dû en renforcer un en changeant le fer du centre. Nous avons dans notre clocher également
des goussets (bastaings d'environ 80 centimètres) aux angles de chaque enrayure; ce qui empêche de bouger l'ensemble de l'ossature et la maintient en place parfaitement, lui donnant la rifidité nécessaire.

L'ensemble de l'ouvrage est garni tout autour d'abat-sons parfois recouverts de plomb, pas ou plus à LONG, et ces abat-sons tenant seulement à la maçonnerie du clocher, sans que les oscillations puissent agir sur les piliers en pierre de la tour. C'est donc là, conformément à la méthode ancienne, un ouvrage complètement indépendant de la maçonnerie, garni de ses accessoires et garanti des intempéries par les ouïes qui sont destinées à rabattre le son des cloches. La pluie qui s'introduit par les longues baies de la tour, fouettée par le vent, rencontre une construction isolée bien couverte et s'égoutte par la pente des abat-son...