Eglise de LONG son histoire

Histoire de l’église de Long

par Lionel BACQUET

Découvrez l’histoire de notre église   Saint Jean-Baptiste

reconstruite au milieu du XIX ème siècle

et classée Monument historique le 26 octobre 2006

L.B

Histoire de l’église « Saint Jean-Baptiste » de LONG

La première église de LONG a été construite très vraisemblablement au début du Moyen-âge. Puis c’est en 1306 que Jean de Crésecques, Conseiller à la cour et Chambellan du roi, et son épouse Jeanne de Fontaine, sœur du Seigneur de Long et de Longpré, décident de reconstruire une autre église sur les mêmes fondations et lui donnent le vocable de Saint Jean-Baptiste.

Cette église devait ressembler à celle de Cocquerel et avait un clocher en pierre. Les trois écussons de la famille de Fontaines étaient, semble-t-il, sculptés sur les murs extérieurs. Elle était construite en pierre blanche du pays et était constituée d'un clocher à flèche de pierre (inv.M.H 902.1926) qui existe touours , d'une nef basse flanquée d'un seul bas-côté situé au Nord, couverte d'une charpente apparente et elle s'achevait par un choeur flamoyant à pans coupés voûté en pierre.

L’ancienne église de Long en cours de démolition – Dessin de Duthoit – 1845 (Musée de Picardie)

En 1554, la foudre tomba sur la flèche du clocher et la détruisit comme l’indiquait l’inscription laissée au bas du clocher lors de sa reconstruction par Jean de Croy à la fin du XVIème siècle. En voici le texte :

En l’an mil chinq cens cinquante quatre

Au mois de juillet proprement

Le quatorzième sans débats

Vint un orage véhément

Lequel, par un trez grand torment

De foudre, tempeste et tonnoire

La flèche abattit razement

De ce clocher chose notoire

C’est donc ce magnifique clocher qui est accolé aujourd’hui à notre église. Il date donc du XVème ou du XVIème siècle. En revanche la flèche qui le surmonte, malgré ses caractéristiques gothiques, flèche octogonale en maçonnerie, arrêtes accusées par une moulure torique ornée de crochets, décor scuplté de petites accolades superposées le long de chacune des faces appartient à la période classique selon l'étude de Georges DURAND sur les clochers à flèches de la vallée de la Somme. Un article plus récent de Marcel Evrard et de Roselyne Bulan situe plus précisément la flèche de LONG entre 1620 et 1630. La flèche perdit ses crochets certainement à cause de la vétusté. Elle fut restaurée une nouvelle fois en 1875 par l'architecte amiénois DELEFORTRIE.

Nous pouvons découvrir une tour rectangulaire en pierre avec des coontreforts aux angles. Dans une de ces tourelles existe un escalier qui monte d'abord au premier étage où il y a une grande pièce avec une cheminée (peut-être un endroit où il y avait un guetteur ou un sonneur ?)

et aujourd'hui une petite pièce où se trouve l'ancienne horloge ... on peut voir également les contre-poids qui permettaient de faire fonctionner l'horloge et qui étaient remontées par Monsieur Guy BATAILLE en dernier lieu... dans cette pièce il y a également une porte qui conduit à notre magnifique orgue Cavaillé Coll. au second étage, il y a trois cloches et enfin plus haut encore la tour avec la flèche octogonale avec des arrêtes ornées d'une moulure torique. Les crochets sont aujurd'hui très usés par l'érosion..

Cette horloge remplace une ancienne horloge du 18 ème siècle ... elle a été installée en 1860 et a fonctionnée

jusqu'au 16 décembre 1980. Elle a été remplacée par une horloge électrique qui sonnait également l'angélus.

En Mars 2018 une nouvelle horloge a pris sa place.

Au début du 19 ème siècle, l’église était vraiment en très mauvais état. Plusieurs délibérations le confirment. Le Conseil municipal réfléchit à la construction d'un deuxième bas-côté au sud.

Le Conseil municipal décide donc le 10 novembre 1840 de confier à l’architecte abbevillois Hyacinthe VIMEUX la reconstruction du vaisseau central en lui ajoutant deux bas-côtés ainsi que la réparation du pavage dont les travaux sont estimés à 40 000 francs. Les délibérations des 4 février et 2 avril 1841 précisent ensuite les travaux... la nef sera de style gothique confortée par des piliers-butants avec des bas-côtés en pierre et un vaisseau central recevant des voûtes en plâtre.

Dessin DUTHOIT en 1845

En février 1843, le Conseil des Bâtiments Civils, appréciant que la commune donne la priorité à la structure et non à l'effet décoratif, approuve le projet en demandant quelques changements : la partie centrale devra être surélevée et voûtée en pierre, ce qui allait obliger la création d’arcs-boutants. Il fallait une nouvelle fois trouver de l’argent. Une ordonnance royale du 5 février 1844 autorisa la vente d’une parcelle tourbeuse de 1 ha 12 ares 78 centiares, mise à prix à 40 000 francs. Les travaux sont ensuite confiés le 25 mars 1844 à Monsieur Pierre Daullé, entrepreneur de Ribeaucourt, qui entreprit la démolition de la nef.

 

En 1844, alors que les travaux de reconstruction ne sont pas encore engagés, lors de la démolition des parties choisies, le chœur menace de tomber. Une nouvelle délibération en date du 14 avril 1844 fait état d’un autre devis de 40 000 francs pour permettre de réparer le chœur.

La population augmentait régulièrement à LONG, certainement grâce au travail fourni par l’extraction de la tourbe qui elle aussi était en constante augmentation. Rappelons simplement que la commune comptait 1573 habitants en 1841 soit près de 2 fois plus qu’ en 1304. Il fallait donc prendre une décision radicale.

Après bien des discussions, le Conseil municipal dans sa séance du 14 avril 1844 décide donc de reconstruire l’église entièrement en l’agrandissant et en gardant toutefois le clocher reconstruit à la fin du 16 ème siècle. La bénédiction de la première pierre du choeur a été posée le jour de la fête de l'ascension 1844. Des croix du cimetière accolé à l'église étaient accrochées sur le mur de l'église côté Nord..

Commençait alors un vrai périple pour la Commune… Le Conseil Municipal de LONG demandait le 10 février 1845 à Monsieur VIMEUX de concevoir deux projets ; l’un « moderne », l’autre néo-gothique. Les projets sont présentés au Conseil des Bâtiments Civils le 5 juin 1845 et c’est Monsieur l’inspecteur général Biet qui donnera son rapport.

Le Conseil Municipal persiste dans sa préfèrance du projet néo-gothique et le stipule dans ses délibérations du 10 août et 10 novembre 1845 en expliquant que le clocher exigeait une nef et un chœur néo-gothique pour laisser à cet édifice une parfaite harmonie.

Le devis des travaux est estimé à 105 000 francs. Ces travaux seront financés en grande partie par une vente de tourbage. Les plans sont inspirés de l'église Notre DAME de Bonsecours de Rouen et approuvés le 10 novembre 1845.

Le projet final rédigé par Hyacinthe VIMEUX le 3 novembre 1845, inspiré de Notre-Dame de Bonecours près de Rouen en moins décoratif, est approuvé par le Conseil des Bâtiments Civils le 6 avril 1846. L'architecte adopta donc le plan basical, constitué dans le prolongement du clocher-porche ancien, d'une nef qui n'est pas vraiment dans le prolongement comme l'a superbement bien montré le dallage de Monsieur Le Boudec dans les années 2007-2008, nef à bas-côtés simples qui longent le choeur jusqu'au niveau de l'abside à cinq pans. Celle-ci est entourée par une sacristie basse au toit en zinc. L'équiliobre est assuré par des arcs-boutants qui viennent reposer sur des contreforts. L'église de LONG dispose donc d'une nef de 10 travées et, devant l'abside, d'un choeur de trois travées droites, ce qui lui confère des proportions deux fois plus importantes que celle de l'église qu'elle remplace. Les seuls éléments de décor se situent dans la sculpture pinacles, dans celles des quadrilobes du garde-corps sommant les murs des bas-côtés et dans celles des chapiteaux des baies. ( éléments de décor qui posent les plus gros problèmes aujourd'hui en se désagrégeant en poudre ou par petites plaques). La référence explicite de notre église est celle de l'architecture gothique de la fin du XIIème et du début du XIIIème siècle avec des baies à deux lancettes, surmontées d'un oculus, et les arcs-boutants à volée simple. L'intérieur de l'église présente une élévation à deux niveaux, grandes arcades et fenêtres hautes. L'ensemble est construit sur un soubassement en grés, en pierres provenant, pour les plus dures des carrières de Marquise, Creil et Vergley et pour les plus tendres des carrières de LONG et de Pont-Rémy.

Dessin de Gillard en 1867

Les travaux pouvaient enfin commencer non sans problème…

L’architecte se plaignait que l’entreprise de Monsieur Daullé ne mettait pas assez d’ouvriers à la reconstruction et que les travaux n’avançaient pas assez vite. Le Préfet, en accord avec le Conseil Municipal, décida de résilier le marché.

La première pierre bénie en 1844 par Monseigneur Jean-Marie MIOLAND, évêque d’Amiens, ne fut posée que le 20 septembre 1846 et bénie une nouvelle fois par l’abbé Irénée NAILLON, curé de Long en vertu d’une délégation spéciale de l’évêque d’Amiens. Le 3 décembre 1846 les travaux furent confiés aux frères Bruno et Lucien Lemée, entrepreneurs domiciliés à Saint-Valéry-sur-Somme. Le Conseil municipal décida de prolonger les collatéraux d’une travée du côté chœur et d’une demi travée du côté du clocher pour conforter le chœur et le clocher. Cette modification estimée à 29 625.30 francs par Monsieur VIMEUX est approuvée par le Préfet le 3 décembre 1847.. Une vente de tourbe est décidée le 10 août 1847. Cet agrandissement créa de nouveaux litiges avec les entrepreneurs qui demandaient la résiliation de leur contrat par un courrier adressé au Préfet le 30 avril 1848. Monsieur VIMEUX rappela que lors de l’adjudication en date du 3 décembre 1846 le plan de l’église comprenait les travées supplémentaires et que donc les frères Lemée avaient rédigé leur soumission au vu de ce nouveau document. Le Préfet refusa donc la résiliation.

En 1848, l’église était élevée au deux tiers. Mais les problèmes avec les entrepreneurs continuaient … le 10 novembre 1849, le Maire donne connaissance au Conseil Municipal d’un rapport de Monsieur VIMEUX qui se plaint de malfaçons dans l’exécution des travaux.. Plusieurs chapiteaux de piles de la nef étaient endommagés et il ne parvenait pas à obtenir leur remplacement par l’entreprise. Les frères Lemée rejetèrent la responsabilité sur l’architecte qui les avait autorisé à utiliser de la pierre de Vergelet, trop tendre. La commune fit appel à l’architecte départemental Herbault pour arbitrer ce désaccord. Celui-ci estima que les désordres actuels risquaient de se poursuivre, que les cintres des arcades étaient dégradés et il ordonna de murer quelques unes des arcades dont le mur supérieur était fendu. Les frères Lemée durent exécuter les travaux. Tout n’allait donc pas pour le mieux… un arrêté préfectoral en date du 30 janvier 1850 ordonne des travaux d’étaiement en urgence.

Par une délibération en date du 19 avril 1850, le Conseil Municipal enleva la conduite des travaux à Monsieur Vimeux et leur exécution à l’entreprise Lemée. Les travaux furent donc achevés par de nouveaux entrepreneurs choisis par le Préfet sous la surveillance de Monsieur Herbault, architecte départemental.

Dessin MACQUERON 1862 ---------------------------------- Dessin MACQUERON 1863

L’église fut rendue au culte le 14 décembre 1851 … une cérémonie de dédicace est lieu le 18 juillet 1858 par Monseigneur BOUDINET, évêque d'Amiens..

L’an 1858, le dimanche 18 juillet en la fête de Saint Camille de Lellis,

Nous, Jacques Antoine Boudinet, par la miséricorde divine et la grâce

Du Saint Siège apostolique, Evêque d’Amiens, avons consacré l’église et l’autel

De la paroisse de Long selon toutes les prescriptions du pontificat romain sous le

Vocable de Saint Jean-Baptiste, précurseur de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dans

L’autel nous avons renfermé les reliques des Saints Martyr Jean-Baptiste, Firmin 1 er

Evêque d’Amiens et Félix Pape.

Cette église qui fait apparaître le principe ogive arc boutant de report des charges de l’architecture gothique se différencie beaucoup des nombreux édifices religieux néo-gothiques construits à cette époque qui privilégient surtout le décor et sont pour la plupart édifiées en briques.

Dessin MACQUERON en 1850

Les dimensions de cet édifice sont les suivantes : 40 mètres de long en comptant le chœur et le sanctuaire, 20 mètres de large et 17,40 m de haut sous la voûte. Ce qui explique peut-être l’acoustique remarquable de cette église lors des concerts d’orgue. Le Clocher dépasse les 50 mètres de haut.

Magnique église visible à plusieurs kilomètres

Chapelle mariale repeinte en 1961 et chapelle Saint Roch repeinte quelques mois plus tard

St Eloi offert par la direction et le personnel

de la tréfilerie de LONG

Cette nouvelle église de style néogothique est pleine de lumière et en parfaite harmonie avec le clocher du XVIème. Les vitres de la nef sont exécutées en verres blancs losangés avec une bordure en verres de couleur bleue, ce qui a permis de donner cette luminosité à notre église. Monsieur Stéphane BAZIN qui avait son atelier à Mesnil-Saint-Firmin dans l’Oise, a conçu en 1856 les cinq verrières de l’abside. La baie d'axe illustre, dans l'esprit néo-gothique, les épisodes de la vie de Saint Jean-Baptiste, les deux baies nord et sud figurent les quatre évangélistes et enfin les deux baies latérales sont traitées en grisaille.

Le vitrail du sacré choeur de H.LORIN en 1923

Don de Mme VAST

et Notre Dame de Lourdes de Raoul GAGNART d'Amiens

qui est un don des Paroissiens

Dans les baies des bas-côtés du chœur furent posées des grisailles datées de 1867 de l’atelier parisien Goblet, Queynoux et Pouyet.

Aujourd’hui, nous pouvons découvrir trois autres vitraux installés au début du 20 ème siècle. A droite un vitrail représentant l’apparition de la Sainte Vierge à Sainte Bernadette de Raoul Cagnart, peintre verrier amiénois et à gauche un vitrail représentant Saint- Eloi fabriqué lui aussi par Monsieur Cagnart et offert par la direction et le personnel de la tréfilerie de LONG. Nous pouvons voir également un autre vitrail signé Ch. LORIN et daté de 1923 représentant Marie Marguerite Alacocque en prière devant le christ au sacré-cœur.

Sacré choeur

de l'artiste CHAUVEL de Paris

Pendant les travaux , il a dormi chez le curé Dupin au Presbytère

Quant au mobilier de l’église, la commune passa un marché avec le sculpteur Aimé Duthoit le 23 mars 1855. Les autels, la chaire, les deux confessionnaux, les fonts baptismaux, l’autel marial, l’autel Saint Roch, les lutrins, les piscines et le trompe l’œil de la draperie destinée au mur de l’abside, les bancs et très certainement les stalles sont l’œuvre des frères Duthoit.

De nombreux dessins de ce mobilier d’Aimé et de son jeune frère Louis Duthoit sont gardés au Musée de Picardie.

Le maître autel avec la grande exposition en forme de pinacle et les anges thuriféraires montre une grande ressemblance avec le maître autel de la cathédrale de Clermont-Ferrand ou avec l’autel de la chapelle de la vierge de la cathédrale d’Amiens exécuté par les frères Duthoit sur un dessin de Viollet-le-Dduc.

Les vitraux du choeur ont été confectionnés par

GOCLET-QUEYNOUSX-POUYET (Paris) en 1867

D’ailleurs, comme le précise le marché signé par Aimé Duthoit avec la Commune de LONG, Viollet-le-Duc intervenait en tant qu’architecte diocésain à LONG.

Tout ce mobilier est maintenant classé aux Monuments historiques. Il ya deux lutrins et sur l'un deux un "missel" de 1853 que l'on appelle antiphonaire.

Un très beau christ renové en 1950 est fixé sur le mur droit

de la nef en hauteur... il serait du 17ème siècle

Les frères Duthoit exécutèrent très certainement la sculpture des chapiteaux des piles de la nef pour lesquels ils produisirent un grand nombre de dessins conservés eux aussi au Musée de Picardie. Ces chapiteaux représentent des motifs végétaux.

Comme on peut le voir, la Commune a donc mis de gros moyens financiers pour le mobilier de l’église en faisant travailler les plus grands artistes de l’époque.

Au début du vingtième siècle, le curé de Long fait appel à un artiste fort connu qui est médaillé de la croix de guerre pour son courage lors de la première guerre mondiale, Georges CHAUVEL. Il lui commande la sculpture de la statue du sacré cœur en pierre. Cet artiste qui a travaillé pour le château de Versailles et pour la ville de Paris a également sculpté en 1921 notre Monument aux morts.

Curé d'Ars de son vrai noim Jean-Marie VIANNAY

 

La statue du Curé d'Ars a été sculptée par Pierre ROUILLARD (1853-1919), statuaire à Angers, atelier ROUILLARD (informations communiquées par son arrière petit fils). D’autres statues d’artistes inconnus sont placées autour du chœur (Sainte Thérèse de Lisieux, Saint Jean Baptiste, Jeanne d'arc, etc…).

Nous signalerons également le don fait par l’abbé Koëemann dans les années cinquante, un magnifique et remarquable chemin de croix en cuivre peint datant de 1890.

Le 7 février 1874, Victor Deleforterie et son fils Paul, architecte amiénois, proposèrent à la commune de Long un devis pour la construction d’une tribune et d’un buffet d’orgue de style néo-gothique. Ces travaux furent exécutés par un menuisier Lillois, Buisine-Rigot, qui les acheva en juin 1875. L’orgue fut construit par Monsieur Aristide CAVAILLE COLL, célèbre facteur d’orgue à Paris. Le marché fut signé en février 1877 et la facture finale adressée le 20 décembre 1877. La commune avait également demandé des devis au Belge LORET et au Rouennais GADAULT.

Ce magnifique orgue a été inauguré le 23 décembre 1877 (Une plaque de cuivre fixée au dessus des claviers atteste cet événement. On peut y lire « Laudate dominum in cordis et organo ) en présence de Monsieur l’Abbé Carnoy, curé de LONG, de Monsieur de ROUVROY, Maire de la Commune, de Monsieur DELFORTERIE, architecte du buffet, de Monsieur Viesy Buco, sculpteur du buffet, et de Monsieur Alexandre GUILMANT, organiste à Paris. (pour en savoir plus allez sur la page que j'ai créée sur ce site consacrée à notre orgue Cavaillé Coll)

Je pourrais continuer à vous détailler la qualité des 1142 tuyaux de notre magnifique orgue Cavaillé-Coll ou vous citer les différentes organistes qui se sont succédé depuis son installation (voici le nom de quelques unes: M. LOuis LOURDELLE (1856-1905), Mme CARTERON, Mme MACHY, Mme MARANFD PONCHE Geneviève et Mme LEPINE PECQUET Marie- Bernadette).

Je pourrais vous raconter l’histoire des cloches nous venant de Saint-Germain d’Amiens lors de la Révolution française, de l'obligation d'en donner 2 pour la fabrication de canons, de l'autorisation en 1806 de fondre la dernière félée pour en refaire deux autres, du don du comte de Boubers en 1809 de notre 3ème cloche actuelle, vous dire que:

la cloche n°3, la plus petite a un diamètre de 0.92 m pour un poids de 400 kg... et la note est sol dièse

la cloche N°2 a un diamètre de 1.03 m pour un poids de 600 kg... la note est le fa dièse  

la cloche n°1 a un diamètre de 1.15 m pour un poids de 850 kg... la note est le mi

Cloche n°1 la plus grosse avec les armoiries de LONG

je pourrai vous donner la traduction des inscriptions sur la plus grosse des cloches, seule à avoir des inscriptions d'ailleurs: " De la magnificence de Seigneur Amédée Charles Marie de BOUBERS-ABBEVILLE, de la souche de ST Angilebert, jadis duc de Morinie en Ponthieu, et de dame Anne Charlotte Elisabeth de BUISSY de LONG, son épouse, leurs enfants étaient présents: Amédée Victor, Anne Paule Henriette, Alphonse Alexandre Charles, Ide Rose Blanche de BOUBERS-ABBEVILLE, de qui j'ai reçu le nom d'Angileberte; le célébrant étant messire Antoine Modeste Angilebert BRAILLY, curé de l'église de LONG. L'an du Seigneur 1809. "  

ou vous dire que pour qu' on puisse sonner les cloches plus facilement , elles ont été montées sur roulements en billes en 1922. Il fallait 3 personnes pour sonner la grosse, 2 pour la moyenne et 1 pour la petite avant ce changement... ensuite 2 personnes suffisaient pour faire sonner les 3 cloches.

    

que pourrai-je vous dire de plus ? que nos cloches ont été fondues par J.B CAVILLIER d'Aumale... (fonderie à Aumale de 1540 à 1914...) la première branche latérale de Cavillier de Carrépuis et d'Aumâle comprend cinq fondeurs de cloches: Charles 1650-1699 fils de Philippe CAVILLIER, Nicolas dit Colin 1696-1767 fils du précédent, Pierre Nicolas né en 1735 à Carrépuis fils du précédent. Ce dernier , marié à Aumâle le 10 février 1763 et s'y installant comme fondeur de cloches. il mourut le 30 juin 1795. Il a travaillé pendant tout ce temps avec ses frères: Jean-Baptiste (celui de nos cloches) né à Carrépuis le 10 septembre 1741 qui s'est fixé à Aumâle aux environs de 1768. Il s'y est marié le 12 février 1784 et y est mort le 14 mars 1816 à l'âge de 73 ans. (collection de la société d'émulation d'Abbeville et archives de J.B CARTON un habitant de LONG).

PECQUET Louis

Je pourrai vous donner le nom des différents carillonneurs qui ont précédé Jean-Philippe (M.Casimir DEFARCY, de SAINT RIQUIER Jacques, MACHY Charles, NORMAND Jean-Claude, PECQUET Jean-Marie, PECQUET Jean-Philippe, PECQUET Louis notre nouveau carillonneur qui sonne encore le jour du feu de la Saint Jean ou lors d'un mariage ou d'un baptême.

Je pourrais vous conter les aléas des sonneries de nos cloches pendant la révolution Française. Une interdiction de sonner les cloches pour les baptêmes, morts, messes et vêpres... seules pouvaient être sonnées les heures qui règlent les travaux dans les campagnes le matin, le midi et le soir...

Charles MACHY

Je pourrais vous donner des renseignements sur le coq de notre clocher changé en 1993 pour la 3 ème fois (précédentes en 1875 et 1948).

Je pourrais vous citer Eugène CAILLY, Constant BILHAUT ou Jacques CAILLY les Suisses qui conduisaient les différentes cérémonies (messes, mariages, décès ou encore processions) Je pourrais encore essayer de vous convaincre de la qualité historique et architecturale de nos vieilles croix dans le cimetière ou de nos différents calvaires plantés dans le village comme autant de signes importants, mais en cette année 2008, je préfère vous décrire les travaux d’aménagement qui ont été réalisés aux abords de notre église.

Cet endroit est un vrai lieu de vie… c’était l’entrée de l’école des filles ... c'est maintenant l'entrée des salles multi fonctions et c’est le chemin emprunté par ceux qui vont se recueillir sur la tombe d’un être cher au cimetière, c’est aussi le chemin d’accès de l’église et celui emprunté lors des manifestations au Monument aux morts…

Pour l’étude et l’exécution de ces travaux, la Commune a eu la grande chance d’avoir à nos côtés le CAUE et les Ateliers Traverses.

Alors pour commencer, la maxime de notre si beau village a été inscrite sur une belle pierre en bas de l’escalier : Long, granne église, bieu catieu, s’téte din chés camps, ses pieds din l’ieu. ». Avec cela, tout est dit !

Et lorsque vous monterez l’escalier en vous tenant à cette magnifique rampe en bois, vous devinerez immédiatement l’axe du dallage qui conduira votre regard vers un cercle de briques dans le mur de soutènement du parvis d’où sortira prochainement une sculpture de Monsieur Le Boudec représentant la tête d’un enfant…ce qui vous ramènera à l’école des filles tout proche.

Les plantations le long des murs ont une dominance verte et blanche et vous pourrez sentir le doux parfum des roses blanches.

La commune ayant vendu le presbytère que l’on peut toujours admirer au sud de l’église et derrière le Monument, Monsieur le Boudec a voulu recréer, dans la partie basse autour du parvis, un jardin de curé. Vous pourrez donc voir autour de la croix dessinée à l’aide de petits buis toutes sortes de plantes médicinales, aromatiques (sauge officinale, menthe poivrée ou crispée, thymus vulgaris, romarin, lavande, etc…) qui font la qualité des jardins de curé et qui répandent toutes sortes d’odeurs.

Comme vous le voyez, tout est calculé… tout a un sens… le petit muret près du petit escalier conduisant à celui du parvis devient un banc sur lequel les parents peuvent attendre la sortie de l’école de leur enfant. Assis sur cette pierre, on peut ainsi discuter des nouvelles du village ou tout simplement profiter du temps qui passe.

Après avoir monté l’escalier qui conduit au parvis, tout de suite le dallage vous explique les choses : le clocher du XVI ème siècle n’est pas dans le prolongement exact de l’église reconstruite au milieu du XIX ème.

Près de l’escalier sud, vous découvrirez un pommier… peut-être le pommier du célèbre roman de Victor Hugo « les Misérables ». Un petit rappel de l’histoire… « Jean Valjean, devenu Monsieur Madeleine, Maire de Montreuil, lit dans le journal qu’un forçat en cavale, Jean Valjean, a été arrêté pour le vol d’une branche de pommier dans les environs d’Ailly-le-Haut-Clocher… il va donc se livrer à la justice pour que ce voleur, qui ne voulait que se nourrir, ne soit pas trop puni en étant pris pour un dangereux récidiviste. »… le texte du roman sera peut-être bientôt gravé derrière notre pommier dans le cercle de briques sur une plaque.

D’autres textes pourraient être également mis dans les autres cercles du mur de soutènement du parvis… la description des marais, de certains levers de soleil dans la brume ou l’odeur si particulière de la tourbe qui brûle dans les maisons dans le livre d’Aragon « la semaine sainte » ou dans celui d’Hector Malot « en famille », etc…

Vous pourrez également découvrir, côté sud de l’église, la tombe d’un grand résistant de Long qui devrait être mise en valeur. Monsieur Lucien DUFOURMANTELLE a été tué à Fontaine-sur-Somme par les Allemands lors de la libération de Long en septembre 1944.

Enfin vous pourrez voir le jardin du souvenir, endroit calme où reposent les cendres d’habitants de Long, qui sera également aménagé simplement pour donner à ce lieu toute sa signification et la quiétude nécessaire au recueillement.

Je suis certain, que lorsque vous irez maintenant vous promener autour de l’église, vous aurez un regard différent… alors, n’hésitez pas, vous aussi, laissez aller votre imagination.

Grâce au travail passionné d'une personne des Monuments historiques, l'église Saint Jean-Baptiste de LONG est classée par un arrêté portant le n° MH06-IMM 051 du 26 ocotobre 2006: En voici quelques extraits:

Vu l'arrêté en date du 19 février 1926 portant inscription sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques du clocher de l'église Saint Jean-Baptiste de LONG (Somme);

Vu l'arrêté en date du 4 novembre 1994 portant inscription sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques de l'église Saint Jean-Baptiste de LONG (Somme) en totalité;

Vu l'avis de la commission régionale du patrimoine et des sites de la région Picardie en date du 25 avril 2002, confirmant l'avis de la commission régionale du patrimoine historique, archéologique et ethnologique du 16 mars 1994;

Vu la commission nationale des monuments historiques entendue en sa séance du 22 mai 2006;

Vu l'adhésion au classement donnée par délibération du Conseil municipal de LONG en date du 6 septembre 2006;

Considérant que la conversation de l'église Saint Jean-Baptiste de LONG (Somme) présente au point de vue de l'histoire et de l'art un intérêt public en raison du haut intérêt de son clocher à flèche de pierre représentatif des clochers de la vallée de la Somme et en raison de l'homogéneité de l'architecture et du décor néo-gothique de la nef et du choeur, de la qualité de leur construction et de leur date précoce, qui font de cet édifice une des premières église néo-gothiques de Picardie;

ARRETE:

Article 1er: est classée parmi les monuments historiques l'église Saint Jean-Baptiste de LONG (Somme) en totalité, figurant au cadastre , section AL 144 d'une contenance de 34 a 63 ca.

Sources : archives municipales et départementales, bibliothèque municipale d’Abbeville, bibliothèque de Picardie, livre de l’Abbé Delgove. Dessins des frères Duthoit…

Remerciements : à Monsieur Bertrand Le Boudec des Ateliers Traverses, à Mlle Blandine Balas.

LB